Il y avait une maison bleue accrochée à la colline, chantée par Maxime Le Forestier , quand j'étais jeune, la chanson s'appelait:
"San Fransisco"
Mais pour moi, c'était une maison rose! Cela fait très longtemps que je cherche cette maison rose, entrevue dans un songe en 1994. Peut-être que je l'ai enfin trouvée, mais quand je l'ai vu, la chanson de Maxime Le Forestier m'est immédiatement venue à l'esprit????? Je ne sais pas encore.....On verra!
Après le décès de mon ami Jean en 1994, j'ai cru mourir de chagrin, oui, on peut mourir de chagrin quand on a aimé très fort. On ne meurt pas d'amour, mais on peut mourir de chagrin!
Quelques mois après son décés, j'ai fait un curieux songe, en plus des nombreux signes qu'il m'a envoyé depuis l'univers. Et après ce songe, j'ai écrit une nouvelle. La voici, manuscrite car à l'époque, je n'avais ni ordinateur, ni machine à écrire!
A tous ceux qui croient encore qu'ils sont des canards alors qu'ils sont des goélands!
La belle Etoile et le Goéland
Il était une fois une jeune fille qui avait tout pour elle, mais elle ne le savait pas. Elle avait tout pour réussir et être heureuse, et pourtant, elle ne l'était pas. Du matin au soir, et du soir au matin, elle se lamentait sur sa vie, se demandant ce qu'il lui manquait tant pour être heureuse. Elle se demandait où était ce bonheur?
La vie passait et elle ne trouvait pas. Elle cherchait pourtant, le moindre indice, la moindre trace, mais plus elle avançait et plus ce bonheur lui semblait inaccessible, comme si elle n'y avait pas droit, comme s'il n'était pas pour elle.
Pourtant les fées s'étaient penchées sur son berceau et l'avaient doté de nombreux talents, mais comme dans la belle au bois dormant, la dernière fée qui était passée lui avait jeté un sort. Elle se disait que c'était peut-être le prix à payer pour tant de dons?
Petit à petit , elle sombra dans la mélancolie, ne sachant que faire de sa vie, ne sachant que faire de ses dons. Cette mélancolie la rongeait de l'intérieur et elle sentait ses forces l'abandonner. Alors, se sentant au bout du chemin, avant de franchir la porte de l'ombre pour un voyage sans retour, elle pria le ciel de l'éclairer avant de sombrer dans le sommeil éternel.
Et elle fit un songe....
"Elle était dans la montagne, sur les plateaux du sommet où la pente est douce après l'ascension. Elle arrivait auprès d'un lac. Il y avait là une petite maison rose qui l'attendait, où tout respirait le calme et la sérénité. Elle se promena autour du lac avec sa chienne qui gambadait, heureuse d'être libre, et elle, elle se réjouissait de la voir ainsi.
En marchant, elle parvint à un village au sommet d'un piton rocheux. Elle se dit qu'avec ce village, elle serait moins seule dans sa jolie maison rose au bord du lac. Elle arriva au bout du village, sur une petite place. Plusieurs personnes attendaient devant une porte en bois fermée. C'était l'entrée de la grotte de la Vierge, et tous ces gens attendaient que la porte s'ouvre, pour leur permettre de la visiter. Elle se joignit à eux et attendit que la porte s'ouvre. Celle ci ne tarda pas, et , chacun à son tour, descendit alors un escalier de pierres qui s'enfonçait dans la montagne. Les marches n'en finissaient pas, et, enfin, lorsqu'ils arrivèrent en bas, il faisait déjà nuit!
Il y avait là un grand lac sombre où se reflétait le ciel étoilé. De toutes parts, le lac était cerné par de hautes falaises infranchissables. L'escalier qu'ils avaient emprunté était le seul accés! Il débouchait dans une caverne creusée dans la falaise. Arrivés au pied de ce chemin, les visiteurs découvraient, stupéfaits, la grotte de la Vierge.
Dans une immense alcôve, elle était là, toute de blanc vétue sur fond bleu resplendissant et scintillant d'étoiles, comme une immense icône se reflétant dans les eaux sombres du lac mystérieux.
Tous attendaient, sentant qu'il allait se produire quelque chose, sans savoir trop quoi. La jeune fille patientait aussi avec eux, le regard tourné vers le ciel.
Puis soudain, de la nuit, jaillit une étoile qui grossissait au fur et à mesure qu'elle s'approchait. C'était comme une boule de feu qui filait à travers le ciel. Elle tournoya au dessus du cratère, puis descendit vers les eaux sombres du lac, fonçant à toute allure vers la grotte où étaient rassemblés les visiteurs. Tous étaient figés par la peur et la stupéfaction. Aucun n'osait bouger. L'étoile se précipita vers la jeune fille, qui, effrayée, s'agenouilla près de sa chienne et se serra très fort contre elle, ne pouvant quitter des yeux l'étrange phénomène.
L'étoile stoppa net devant son visage! Elle vit alors une sphère gazeuse dorée enveloppée d'une multitude d'étoiles minuscules. La forme lumineuse avança tout doucement vers le visage de la jeune fille et elle enroba sa tête, tout en pénétrant dedans. Le visage de la jeune fille s'en trouva toute auréolée."
Et là, elle se réveilla!
Mais curieusement, son rêve semblait continuer, même éveillée. Elle comprit alors que ce n'était pas un rêve ordinaire, mais un songe. La veille, elle avait demandé au ciel simplement de l'éclairer et celui-ci lui avait répondu en l'illuminant!
Alors, comme contrairement aux rêves qui vous échappent, plus vous voulez vous en souvenir, celui-là restait bien dans sa tête dans les moindres détails, et elle réalisa qu'elle devait chercher, et chercher encore. Ce songe lui avait donné un peu d'espoir et des forces pour l'aider. Durant les jours qui suivirent, le ciel lui fit parvenir encore quelques indices, quelques signes pour la guider. Elle avait compris que ce n'était pas à l'extérieur d'elle qu'elle devait chercher, mais à l'intérieur d'elle-même, car c'était là que se trouvaient les réponses de sa vie.
C'est ce voyage qu'elle entreprit de faire, descendant au plus profond d'elle même comme elle avait descendu l'escalier de pierre dans la montagne jusqu'au lac de son rêve.
Petite, oui, en effet, les fées s'étaient bien penchées sur son berceau. Elle avait essayé de développer chacun des dons qu'on lui avait accordé, mais au fur et à mesure qu'elle avait grandi, et chaque fois qu'elle réussissait, elle rencontrait sur son chemin la jalousie et l'hostilité des autres. Elle rencontra aussi la haine, celle qui vous détruit lorsque vous ne savez pas vous défendre, qui ne supporte pas que l'on soit douée et qu'on fasse de l'ombre à certains. Ceux là la blessèrent, l'insultèrent, la rejetèrent plutôt que d'essayer de briller à leur tour autant qu'elle.
Parce que certains avaient fait preuve de cruauté à son égard, elle avait grandi en pensant que personne ne l'aimait et elle devint sourde et aveugle à l'amour qu'elle pouvait rencontrer. Elle se mit à avoir peur du monde et ne plus croire ceux qui prétendaient l'aimer. Elle finit par perdre le sens du mot Amour.
La peur grandissait avec elle et pour se protéger, elle commença à contruire des remparts entre elle et les autres, entre elle et le reste du monde. Mais même ces remparts semblaient insuffisants, alors elle renia ses dons, et se saborda elle-même. Rongée par la culpabilité d'être différente, elle qui était faite pour voler, elle rangea ses ailes et rejoignit le sol pour marcher , comme les autres! Elle devint comme eux, un petit canard, essayant de se fondre dans la masse en trainant ses ailes inutiles. Du jeune goéland qu'elle était, elle devint le vilain petit canard. Elle apprit à faire semblant, effrayée à l'idée que ses ailes pourraient la trahir. Elle s'épuisait à jouer un rôle qui n'était pas le sien, et lorsqu'elle était trop lasse, elle se retirait dans sa solitude ne supportant plus aucun regard d'autrui, ne sachant plus où se réfugier.
Oh bien sur, parfois, elle rencontrait d'autres canards, qui , comme elle, avaient un air bizarre, l'air de cacher, eux aussi, des ailes bien encombrantes. Mais comme elle, ces canards là, avaient choisi de vivre dans l'ombre plutôt que de s'envoler vers le soleil. Certains d'entre eux étaient morts, peut-être pour enfin être libres???
Le temps passa, et elle intégra tellement bien ce comportement qu'elle en oublia les origines et les raisons. Et elle vécut ainsi pendant des années.
Et puis, un jour, vers la trentaine, elle rencontra un autre canard bizarre. Ses allures ne ressemblaient pas à celles des autres. En fait, ce canard là, il savait qu'il était condamné! Alors devant elle, n'ayant plus rien à perdre, il commença à déployer ses ailes qu'il avait gardé cachées, lui aussi, encore plus longtemps qu'elle.
Lorsqu'elle le vit, elle fut éblouie! Ce canard, ce n'était pas un canard, c'était un goéland! Un goéland comme elle qui voulait voler une dernière fois avant de mourir. Mais ses ailes étaient rouillées par toutes ces années d'inactivité, elles étaient rongées par la maladie, et le pauvre goéland avait bien du mal à reprendre son envol. Devant lui, alors, elle osa enfin se dévoiler à son tour, elle osa rouvrir ses ailes pour briller. Mais elle ne savait plus voler!
Ensemble, ils essayèrent de s'aider à voler. Il l'encouragea de toutes ses forces, et elle fit de même pour lui. Elle finit par détruire ses propres remparts et les siens, et ensemble, ils parvinrent à prendre leur envol. Pendant deux ans et demi, ils purent enfin profiter du ciel au lieu de devoir se trainer sur la terre. Elle crut que ça allait pouvoir le sauver, mais c'était trop tard, et l'oiseau trop malade fut bientôt contraint de rejoindre le sol. Elle l'incita à reprendre les airs, mais il ne pouvait plus. Alors , craignant de le blesser davantage, elle vint rejoindre le sol, elle , aussi, ne s'accordant plus de voler, si lui ne pouvait plus. Il s'éloigna d'elle, espérant qu'en ne le voyant plus, elle l'oublierait. Peut-être qu'alors, elle pourrait reprendre son vol? Puis il s'éloigna encore plus, et finit par s'éteindre en lui disant qu'il l'avait aimé.
Comment pouvait-il dire ça, alors qu'il était parti pour le ciel et qu'il l'abandonnait sur terre, avec ses deux grandes ailes déployées mais à nouveau inutiles? Et elle se remit à trainer ses deux ailes, encore plus triste que jamais, encore plus seule qu'avant.
Au bord du désespoir, ne pouvant plus aimer, ne pouvant plus respirer, ne pouvant plus voler, il ne lui restait plus qu'à franchir la porte de l'ombre, pour aller le rejoindre là-haut dans le ciel, être enfin libre de voler!
C'est à ce moment là, qu'après avoir prié le ciel, qu'elle fit ce fameux songe où on déposait une étoile dans sa tête! A moins que ce ne soit son goéland qui s'était transformé en étoile?
Et la lumière fut!
Oui, il l'aimait, et il venait de lui faire le plus beau cadeau qu'elle pouvait recevoir de sa part!
Elle comprit enfin qu'elle n'avait plus à cacher ses ailes, qu'elle ne devait pas éteindre l'étoile qu'il avait mis dans sa tête. Elle réalisa que c'était elle-même qui s'était empêchée de voler, par peur, d'être rejetée, par peur de sa différence, par peur de l'hostilité de certains médiocres. Mais la haine des médiocres , elle n'en avait plus rien à faire, et s'ils n'étaient pas capables de voler, alors elle devait les laisser à terre. Elle mesura alors tout ce qu'elle avait gaché, et elle retrouva tout ce qu'elle avait appris, et tout ce qu'elle avait reçu, et puis, tout le chemin qu'il allait faloir parcourir pour parvenir au sommet de la montagne, là, où la petite maison rose l'attendait. Ce chemin, il s'ouvrait désormais devant elle, illuminé par toutes les étoiles du ciel, dont une en particulier, là bas, très loin, au dessus de l'Afrique, mais aussi dans son coeur et dans sa tête.
Elle a lentement déplié ses ailes, comme les voiles d'un bateau, gonflées par le vent, elle s'est élevée vers le ciel, et tout doucement, prenant de plus en plus confiance en elle, elle s'est mise à voler vraiment, pour elle, pour être libre, enfin libre de voler de ses propres ailes avec tout le ciel et la terre pour elle!
Jean est décédé le 15 octobre 1994. Il fut un des plus grands amours de ma vie, et après sa mort, j'ai cru mourir aussi de chagrin. Mais l'Amour, lui, il ne meurt jamais! Depuis son étoile, Jean est resté près de moi durant 10 ans, jusqu'à ce que je rencontre un autre goéland auquel il fallait aussi ré-apprendre à voler! Nous nous sommes mariés, mais hélas, il n'a jamais pu s'accorder de voler. Alors il est parti, lui aussi, sur une autre étoile le 13 Juillet 2005!
Et moi, je continue de voler quand même, je continue de rencontrer certains canards bizarres auxquels j'essaye d'apprendre à voler aussi. Certains y parviennent, il arrivent à briser les interdits et les chaines qu'on leur a mis aux pattes, d'autres non, c'est trop dur pour eux! Mais je continuerai quand même à voler....pour Eux!
Quant à la maison rose, et bien, j'ai fini par la retrouver et l'atteindre enfin, 27 ans plus tard!
Joelle-1994
Et cette maison rose, tu l'habiteras bientôt? Ce serait un beau cadeau de Noël, n'est-ce pas?
RépondreSupprimerBises,
Michèle
C'est vrai que nous nous mettons des chaines, nous cachons nos ailes pour rester dans le moule.
RépondreSupprimerPar peur du rejet et de la moquerie.
J'ai bientôt 68 ans et c'est seulement maintenant, que je l'ai compris.
Je te souhaite de vivre dans ta maison rose et comme le dit Michèle ce serait un très beau cadeau pour Noel
Gros bisous ma belle
Béa
Bonjour Johala et merci pour ce conte qui m'a beaucoup touchée. Je l'ai envoyé a ma fille qui s'est mise dans un isolement complet pour ne plus être blessée. J'espère qu'il lui mettra du baume au coeur, comme il l'a fait pour moi.
RépondreSupprimerVotre précédent message, je l'ai envoyé a ma petite-fille de 13 ans. Et ... elle vient samedi prochain pour apprendre a coudre avec moi. Quel bonheur. Merci Johala vous avez un façon de dire les choses qui produisent des bonheurs. Je vous embrasse.
Janine dite Darnaga
Pas simple d'être un être humain et de devenir soi....parfois on se cherche, on se fuit toute sa vie.... Johan
RépondreSupprimerOu on finit par se trouver!!!!
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